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Economie

Cameroun : les exportations d’aluminium ont chuté presque de moitié depuis 2017

Alucam peine à se remettre des conséquences du départ de Rio Tinto en 2014, et surtout d’une rupture de fourniture d’énergie en 2018, qui a fragilisé les cuves. Une nouvelle dynamique pourrait naître d’une fusion avec Socatral, une société plus prospère qui produit des tôles en aluminium.

Au cours de l’année 2020, la Compagnie camerounaise de l’aluminium (Alucam) a exporté plus de 49 000 tonnes d’aluminium, selon les données de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Selon Investir au Cameroun, c’est le 2e volume le plus bas des exportations réalisées par cette entreprise depuis une décennie, après la contreperformance de l’année 2012, au cours de laquelle Alucam avait exporté un peu plus de 30 000 tonnes d’aluminium seulement.

Mais, globalement, en dehors des années 2015 et 2017, au cours desquelles cette entreprise industrielle a pu exporter plus de 80 000 tonnes vers le marché international chaque année, les exportations d’aluminium au Cameroun affichent une tendance baissière depuis 10 ans, selon les données de la Banque centrale. Mieux, depuis 2017, les exportations d’Alucam ont chuté presque de moitié, passant de plus de 80 000 tonnes en 2017 à seulement 49 000 tonnes en 2020.

Cette situation s’explique d’abord par les turbulences que traverse Alucam, depuis le départ, fin 2014, de Rio Tinto, son partenaire stratégique. Bien que le retrait de Rio Tinto du tour de table de l’entreprise n’ait pas eu d’effet immédiat sur les exportations d’aluminium (plus de 60 000 tonnes en 2016 et plus de 80 000 tonnes en 2015 et 2017), celui-ci a été très néfaste sur les résultats financiers de l’entreprise. En effet, dès l’année 2015, Alucam a officiellement enregistré une perte sèche de plus de 10 milliards de FCFA.

 La baisse des exportations, elle, n’interviendra qu’à partir de 2018, après une année 2017 pourtant dynamique. En effet, en janvier 2018, Alucam a été victime d’« une rupture brutale d’énergie qui a fragilisé l’ensemble des cuves », ralentissant son niveau d’activité. Cet incident s’accompagnera d’une baisse de la production et des exportations de l’aluminium brut.

Selon les données de la Beac, ces exportations sont successivement passées d’environ 62 000 tonnes en 2018, à 52 000 en 2019 et seulement 49 000 en 2020. Couplée à la chute du prix de l’aluminium (-20% entre 2017 et 2018, NDLR) sur le marché international, cette baisse des exportations a eu des incidences notables sur les finances de l’entreprise. Pour preuve, celle-ci peine désormais à payer ses consommations d’énergie auprès de la société Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité dans le pays.

Pour se donner un peu d’air, Alucam, qui recherche vainement un nouveau partenaire stratégique depuis le retrait de Rio Tinto en 2014, a entamé, depuis le mois de juin 2020, un processus de fusion-absorption avec Socatral, sa filiale spécialisée dans la production des tôles en aluminium, dont la santé financière est beaucoup plus reluisante.

Mais, apprend-on, ce projet de fusion-absorption, qui induira le transfert des actifs (33,6 milliards de FCFA) et du passif (15,9 milliards de FCFA) de la Socatral à Alucam, ainsi qu’une augmentation du capital d’Alucam pour un montant de plus de 2 milliards de FCFA, reste tributaire de son approbation par les assemblées générales des deux entités. Il dépend également de l’approbation de la dissolution anticipée de la Socatral par ses actionnaires, l’approbation de la parité d’échange et de l’augmentation du capital par les actionnaires d’Alucam, puis la déclaration de l’opération par l’autorité de la concurrence dans le cadre du contrôle des concentrations.

Brice R. Mbodiam

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